« Oui à la bénédiction des couples homosexuels ». Quand le Vatican accélère.


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Auteur : Luisella Scrosati

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Avec la déclaration Fiducia supplicans, le Cardinal Fernández (Dicastère pour la Doctrine de la Foi) bénit toute forme d'union. Il suffit qu'aucun rituel ne soit organisé et qu'il ne soit pas confondu avec le mariage : l'apparence est sauve, la doctrine ne l'est pas.

De Luisella Scrosati sur la Nuova Bussola Quotidiana.

On peut bénir l'union des personnes de même sexe, tant qu'elle n'est pas confondue avec une bénédiction nuptiale. C'est la substance des 44 paragraphes de la Déclaration Fiducia supplicans sur la signification pastorale des bénédictions du Dicastère pour la doctrine de la foi, publiée hier, 18 décembre 2023, et signée par le Préfet, le Cardinal Victor M. Fernández, par le secrétaire de la Section Doctrinale, Mgr Armando Matteo, et par le Pape François.

Ainsi, le paragraphe central de la Déclaration : « Dans l'horizon ainsi tracé, il est possible de bénir les couples en situation irrégulière et les couples de même sexe, sous une forme qui ne doit pas être fixée rituellement par les autorités ecclésiales, afin de ne pas créer de confusion avec la bénédiction propre au sacrement du mariage. »

Le document vise à offrir « de nouvelles clarifications (...) sur le Responsum ad dubium formulé par l'ancienne Congrégation pour la Doctrine de la Foi et publié le 22 février 2021. » (n° 2), dans le but d'essayer d'alller à la rencontre de ceux qui « l'ont désapprouvé ou ne l'ont pas jugé suffisamment clair dans sa formulation et dans les raisons invoquées » (n° 3) L'intention de Fernández est de maintenir « les aspects doctrinaux » du Responsum, en les conjuguant avec les « aspects pastoraux », qui en 2021 n'auraient pas été suffisamment pris en considération, alors qu'ils auraient été promus par les réponses du Pape François aux dubia des cinq cardinaux.

La voie tracée peut être résumée de cette manière : en accord avec le Responsum, la Déclaration continue à rejeter les bénédictions ou les rites qui pourraient apparaître comme des approbations d'unions non maritales ou qui, d'une manière ou d'une autre, ressemblent aux rites de mariage. Pour avoir des marges de clarté suffisantes, la Déclaration vise à placer les bénédictions « en dehors d'un cadre liturgique » (n° 23), « comme des actes de dévotion qui "ont une place qui leur est propre, en dehors de la célébration de l'Eucharistie et des autres sacrements. » (n° 24).

Fernández demande instamment : « L'Église doit éviter de faire reposer sa pratique pastorale sur la fixité de certains schémas doctrinaux ou disciplinaires (...). Par conséquent, lorsque des personnes invoquent une bénédiction, une analyse morale exhaustive ne devrait pas être posée comme condition préalable à l'octroi de cette bénédiction. » (n° 25) C'est donc dans ce contexte aliturgique et arituel (contesto aliturgico e arituale) que, selon la Déclaration, des bénédictions peuvent également être données aux couples irréguliers et de même sexe, en demandant à Dieu les grâces dont ils ont besoin à travers eux.

Il s'agirait donc de « mieux approfondir » (n° 26) le Responsum de 2021. Mais, une fois de plus, des documents « inconfortables » qui le précèdent, Fernández ne sélectionne que ce dont il a besoin, en en déformant le sens, pour sa thèse préconstituée. Car pour le Responsum, il ne s'agit pas seulement de ne pas confondre extérieurement la bénédiction de ces couples avec le mariage — problème auquel la proposition de la Déclaration pourrait remédier. Il s'agit plutôt d'un autre problème, que Fernández ne mentionne même pas : qu'est-ce qui est béni lorsqu'on bénit un couple ? S'il s'agit précisément d'un couple, cela signifie que l'on bénit une relation ; sinon, on bénirait des individus. Mais, explique le Responsum [de 2021], « pour être cohérent avec la nature des sacramentaux, lorsqu'une bénédiction est invoquée sur certaines relations humaines, il est nécessaire (...) que ce qui est béni soit objectivement et positivement ordonné à recevoir et à exprimer la grâce » ; et donc « Seules les réalités qui sont en elles-mêmes ordonnées à servir ces [desseins de Dieu dans la Création] sont donc compatibles avec l'essence de la bénédiction donnée par l'Église. »

Maintenant, précisément parce que de telles relations ne peuvent pas être ordonnées aux desseins divins, parce qu'elles leur sont objectivement contraires, ces couples ne peuvent recevoir aucune bénédiction. En tant que couples. L'Église peut autoriser la bénédiction d'un non-catholique, parce qu'en tant que personne humaine, il est ordonné à l'appel à la vie de la grâce, mais elle ne peut pas bénir un couple homosexuel, parce que cette relation n'est en aucun cas ordonnée aux desseins de Dieu.
Cela n'a donc rien à voir avec le fait que l'Église ne doit pas exiger « trop de conditions morales préalables » (n° 12), car il s'agirait ici de bénédictions et non de sacrements. Il s'agit simplement de savoir si l'objet de la bénédiction est ordonné à servir les desseins de Dieu, non pas les desseins « cachés », mais ceux manifestés dans la Création et la Révélation.

Il convient de noter que le Responsum était parvenu à cette conclusion précisément « pour être cohérent avec la nature des sacramentaux. » Fernández a voulu sortir du goulot d'étranglement, en répétant continuellement dans l'Instruction que les bénédictions sont des gestes simples, aimés par le peuple, qu'elles ne doivent pas être soumises à la « prétention de contrôle » (cf. n° 12) et qu'elles ne doivent donc pas être ritualisées de quelque manière que ce soit (cf. n° 38). Mais même si ces bénédictions ne sont pas incluses dans les rituels, même si l'Instruction précise qu'elles ne doivent jamais être données « en même temps que les rites civils d'union, ni même en relation avec eux » (n° 39), elles restent sacramentelles et répondent à la logique des sacramentaux. Le prêtre, lorsqu'il donne une bénédiction, même si elle n'est pas solennelle, même si elle est donnée au fond de la sacristie, agit en tant que ministre de l'Église et donne un sacramental, et le geste doit donc être cohérent avec la nature des sacramentaux.

Prenons-le d'un autre point de vue. La racine de toute bénédiction se trouve dans la bénédiction originelle, que nous trouvons dans le livre de la Genèse : « Dieu vit que cela était bon. Dieu les bénit » (Genèse 1, 21-22). La bénédiction de Dieu est consécutive à son regard posé sur une « bonne chose ». Dieu pose son regard sur son œuvre ou sur l'œuvre de l'homme, Il voit que c'est bon et Il bénit, dans notre cas, à travers le ministère de l'Église. Mais lorsqu'Il pose son regard sur un couple qui vit sa sexualité en dehors du mariage légitime, que voit-Il ? Il voit quelque chose qui contredit objectivement le dessein de la création et ne le bénit pas. Et même les ministres de Dieu ne peuvent pas le faire.

On peut alors se demander ce qu'il advient de toutes les recommandations visant à ne pas assimiler ces bénédictions au mariage, avec lesquelles on pense résoudre la question, quand, au n° 40, on donne cette indication : « Une telle bénédiction peut en revanche trouver sa place dans d'autres contextes, comme la visite d'un sanctuaire, la rencontre avec un prêtre, une prière récitée en groupe ou lors d'un pèlerinage. » La bénédiction acquiert ainsi une dimension publique. Et quel est l'intérêt d'une bénédiction en présence d'une assemblée si ce n'est de donner une reconnaissance publique à ces cohabitations ? Si l'on concède (difficilement) que telle n'est pas l'intention de ce passage de l'Instruction, il n'en demeure pas moins qu'une bénédiction donnée à un couple dans un contexte public ne peut manquer de prendre ce sens.

Par conséquent, il n'est tout simplement pas possible de bénir un couple irrégulier en tant que couple, en raison de la nature même des sacrements et du désordre objectif de cette relation. Tout ministre de l'Église qui agit autrement prend sur lui de bénir ce que Dieu ne peut pas bénir. Car Dieu, contrairement à ce qui se passe dans ce pontificat, ne se contredit pas.

Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres (cf. Lc 3: 9, Mt 3: 10) et sont dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre (cf. Lc 2: 35). Ne faut-il pas que celui qui lève la main pour bénir ce que le Seigneur n'a pas ordonné de bénir s'expose au sort des prophètes que le Seigneur n'a pas envoyés : « Le prophète Jérémie dit alors au prophète Ananie : "Écoute bien, Ananie : le Seigneur ne t'a pas envoyé, et toi, tu rassures ce peuple par un mensonge. C'est pourquoi, ainsi parle le Seigneur : Je te renvoie de la surface de la terre ; tu mourras cette année, car c'est la révolte que tu as prêchée contre le Seigneur. » (Jr 28,15-16)

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* * *

Maintenant, prêtres, à vous cet avertissement : Si vous n'écoutez pas, si vous ne prenez pas à cœur de glorifier mon nom – dit le Seigneur de l'univers –, j'enverrai sur vous la malédiction, je maudirai les bénédictions que vous prononcerez. Vous vous êtes écartés de la route, vous avez fait de la Loi une occasion de chute pour la multitude, vous avez détruit mon alliance [...] – dit le Seigneur de l'univers. À mon tour je vous ai méprisés, abaissés devant tout le peuple, puisque vous n'avez pas gardé mes chemins, mais agi avec partialité dans l'application de la Loi.

– Ml 1, 14b – 2, 2b.8-10

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Commentaire laissé par Moulard Marguerite le

J'ai lu.(je ne sais plus où....) que Jésus a expliqué que son premier miracle a été celui des noces de Cana pour sanctifier le mariage....et je me suis dit que, peut être, avant ce sacrement institué par Lui,, le mariage n'était qu'une forme de concubinage!
Le mariage est.donc indissoluble....et réservé à un vrai couple, homme et femme, comme Dieu l'a créé dans la genèse..
Restons sérieux, dans la ligne de l'Eglise......et celle de Dieu qui "homme et femme Il les créas, "....pour que l'homme ne soit pas seul.

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