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Pape François – Cultiver le bien qui pousse silencieusement et sauver les méchants

S’appuyant sur la parabole du bon grain et de l’ivraie dans l'Évangile (cf. Mt 13, 24-43), le Pape François nous livre une méditation sur la patience de Dieu, « ouvrant les cœurs à l’espérance ».

Une méditation qui peut nous aider à comprendre le sens du pontificat du Pape François et sa mission.

Source : vaticannews.va

Dans l'Évangile [Mt 13, 24-43], nous rencontrons à nouveau Jésus, désireux de parler à la foule en paraboles du Royaume des Cieux, a d’emblée souligné le Pape, souhaitant s’attarder sur la première des paraboles, celle de l'ivraie. « Jésus raconte que dans le champ où le bon blé a été semé, l'ivraie germe aussi, un terme qui résume toutes les herbes nuisibles qui infestent le sol », a ainsi expliqué le Souverain pontife.

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Le bon grain et l’ivraie, une vision de l’histoire

Les serviteurs vont alors voir le maître pour savoir d'où vient l'ivraie, et il répond : « Un ennemi a fait cela ! » (v. 28). Ils voudraient l'arracher immédiatement; en effet, l'agriculteur doit débarrasser le champ des mauvaises herbes les plus visibles afin de permettre aux bonnes plantes de mieux pousser, a observé le Saint-Père.

Au lieu de cela, le propriétaire dit non, parce qu'il risquerait d'arracher les mauvaises herbes et le bon grain ensemble. Il faut attendre le moment de la récolte : ce n'est qu'alors qu'ils se sépareront et que l'ivraie sera brûlée.

L’adversaire a un nom: le diable

« On peut lire dans cette parabole une vision de l'histoire », a affirmé le Successeur de Pierre. « À côté de Dieu - le maître des champs - qui sème toujours et uniquement de bonnes graines, il y a un adversaire, qui étend l'ivraie pour entraver la croissance du grain. Le maître agit ouvertement, à la lumière du soleil, et son but est une bonne récolte ; l'autre, en revanche, profite de l'obscurité de la nuit et travaille par envie, par hostilité, pour tout gâcher. L'adversaire a un nom: il est le diable, l'adversaire par excellence de Dieu », a poursuivi François.

Selon le Pape, l’intention du diable est « d'entraver l'œuvre du salut, de faire en sorte que le Royaume de Dieu soit entravé par des travailleurs injustes, semeurs de scandale ». En effet donc, la bonne graine et les conflits ne représentent pas le bien et le mal dans l'abstrait, mais nous, êtres humains, qui pouvons suivre Dieu ou le diable, a insisté le Saint-Père.

Persécution et hostilité, parties de la vocation chrétienne

Et si l'intention des serviteurs est d'éliminer le mal d'un seul coup, c'est-à-dire les gens mauvais, le maître est plus sage, il voit plus loin : « ils doivent savoir attendre, car endurer la persécution et l'hostilité fait partie de la vocation chrétienne ».

« Le mal, bien sûr, doit être rejeté, mais les méchants sont des gens avec lesquels il faut faire preuve de patience », a recommandé le Saint-Père, précisant qu’il ne s'agissait pas de « cette tolérance hypocrite qui cache des ambiguïtés, mais d'une justice tempérée par la miséricorde ». Ainsi, l'action des disciples de Jésus doit aussi être orientée non pas pour supprimer les méchants, mais pour les sauver.

Fixer le bon grain, garder les mauvaises herbes

L'Évangile d'aujourd'hui présente donc deux façons d'agir et de demeurer dans l'histoire : d'une part, le regard du maître; d'autre part, le regard des serviteurs. Les serviteurs se soucient d'un champ sans mauvaises herbes, le maître se soucie du bon grain.

« Le Seigneur nous invite à prendre son propre regard, celui qui est fixé sur le bon grain, qui sait le garder même dans les mauvaises herbes. Ceux qui cherchent les limites et les défauts des autres ne coopèrent pas bien avec Dieu, mais plutôt ceux qui savent reconnaître le bien qui pousse silencieusement dans le domaine de l'Église et de l'histoire, le cultivant jusqu'à ce qu'il mûrisse. Et alors ce sera Dieu, et Lui seul, qui récompensera les bons et punira les méchants », en a conclu le Pape François.


PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
Dimanche 20 juillet 2014

Source : vatican.va

 

Chers frères et sœurs, bonjour.

[...] la liturgie nous propose plusieurs paraboles évangéliques, c’est-à-dire de brefs récits que Jésus utilisait pour annoncer le Royaume des cieux aux foules. Parmi celles présentes dans l’Evangile [...], il y en a une plutôt complexe dont Jésus donne une explication à ses disciples: celle du bon grain et de l’ivraie, qui affronte le problème du mal dans le monde et souligne la patience de Dieu (cf. Mt 13, 24-30.36-43). La scène se déroule dans un champ où le propriétaire sème le blé; mais une nuit, l’ennemi vient et sème l’ivraie (zizanie), un terme qui dérive, en hébreu, de la même racine que le nom « Satan » et qui rappelle le concept de division. Nous savons tous que le démon est un « semeur de zizanie », celui qui cherche toujours à diviser les personnes, les familles, les nations et les peuples. Les serviteurs voudraient immédiatement arracher la mauvaise herbe, mais le propriétaire les en empêche avec cette motivation : « Vous risqueriez, en ramassant l’ivraie, d’arracher en même temps le blé » (Mt 13, 29). Parce que nous savons tous que l’ivraie, lorsqu’elle pousse, ressemble beaucoup au bon grain et on risque de les confondre.

L’enseignement de la parabole est double. Il dit avant tout que le mal qui existe dans le monde ne vient pas de Dieu, mais de son ennemi, le Malin. C’est curieux, le Malin va semer l’ivraie la nuit, dans l’obscurité, dans la confusion ; il va là où il n’y a pas de lumière, pour semer l’ivraie. Cet ennemi est rusé : il a semé le mal au milieu du bien, si bien qu’il nous est impossible, à nous, les hommes, de les séparer nettement; mais Dieu, à la fin, pourra le faire.

Et nous en arrivons au second thème: l’opposition entre l’impatience des serviteurs et l’attente patiente du propriétaire du champ, qui représente Dieu. Parfois, nous avons une grande hâte de juger, de classer, de mettre les bons ici, les méchants là… Mais souvenez-vous de la prière de cet homme orgueilleux: « Mon Dieu, je te rends grâce parce que je suis bon, je ne suis pas comme le reste des hommes, méchants… » (cf. Lc 18, 11-12). Dieu, au contraire, sait attendre. Il regarde, dans le « champ » de la vie de chacun avec patience et miséricorde: il voit beaucoup mieux que nous la saleté et le mal, mais il voit aussi les germes du bien et il attend avec confiance qu’ils mûrissent. Dieu est patient, il sait attendre. Que c’est beau : notre Dieu est un père patient qui nous attend toujours et il nous attend le cœur sur la main pour nous accueillir, pour nous pardonner. Il nous pardonne toujours si nous allons vers lui.

L’attitude du propriétaire est celle de l’espérance fondée sur la certitude que le mal n’a ni le premier ni le dernier mot. Et c’est grâce à cette espérance patiente de Dieu que l’ivraie elle-même, c’est-à-dire le cœur méchant avec de nombreux péchés, peut, à la fin, devenir du bon grain. Mais attention: la patience évangélique n’est pas de l’indifférence à l’égard du mal; on ne peut pas confondre le bien et le mal ! Face à l’ivraie présente dans le monde, le disciple du Seigneur est appelé à imiter la patience de Dieu, à nourrir l’espérance avec le soutien d’une confiance inébranlable dans la victoire finale du bien, c’est-à-dire de Dieu.

A la fin, en effet, le mal sera enlevé et éliminé: au moment de la moisson, c’est-à-dire du jugement, les moissonneurs exécuteront l’ordre du propriétaire séparant l’ivraie pour la brûler (cf. Mt 13, 30). En ce jour de la moisson finale, le juge sera Jésus, Celui qui a semé le bon grain dans le monde et qui est devenu Lui-même le « grain de blé », est mort et est ressuscité. A la fin, nous serons tous jugés de la même manière que celle avec laquelle nous aurons jugé: la miséricorde dont nous aurons fait preuve envers les autres sera aussi utilisée pour nous. Demandons à la Vierge Marie, notre mère, de nous aider à grandir en patience, en espérance et en miséricorde à l’égard de tous nos frères.