Aimer à la perfection
Jésus n'a pas seulement enduré la moquerie et les crachats, l'exclusion et la dérision. Il n'a pas seulement accepté la flagellation et les épines, les coups et le dépouillement. Il ne s'est pas contenté de rester seulement quelques minutes sur la Croix... mais l'Amour « a saigné jusqu'à la dernière goutte ». Jésus nous a aimés à la perfection.
Qu'est-ce que cela signifie pour vous et moi ? Cela signifie que nous sommes appelés à « saigner » pour notre prochain, jusqu'à donner notre vie s'il le faut ; à aimer au-delà de nos limites, à donner jusqu'à ce que cela nous fasse mal, sans rien retenir pour nous-mêmes. C'est ce que Jésus nous a montré, c'est ce qu'Il nous a enseigné : que l'amour est comme un grain de blé qui doit tomber en terre toutes les fois où nous sommes appelés à servir, à nous sacrifier et à donner. Et lorsque nous aimons à la perfection, alors seulement… alors seulement… ce grain de blé peut porter du fruit qui demeure.
Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit… du fruit qui demeure…
Jn 12 :24, 15 :16
La différence entre se donner à contrecœur et de tout son cœur équivaut à ce qui sépare l'amour simplement humain de l'amour pleinement divin. C'est la différence entre la médiocrité et la sainteté. C'est la différence entre le reflet du Soleil et le Soleil lui-même. C'est la différence entre subir l'instant présent ou transformer cet instant. Le seul amour capable de transformer le monde qui nous entoure est l'amour divin — un amour porté par les ailes du Saint-Esprit, et capable de transpercer même le cœur le plus dur. Et ce n'est pas l'apanage de quelques privilégiés, de ces saints « intouchables » dont nous entendons bien souvent parler. Au contraire, cela nous est possible à tout instant, dans les choses les plus banales et familières de notre quotidien.
Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger.
Mt 11: 30
Oui, le joug de la Divine Volonté consiste à nous abandonner complètement dans les plus petites choses, d'où le fait que ce joug soit facile et ce fardeau léger. Dieu ne demande pas à 99,9% d'entre nous de vivre un martyre comme nous le voyons au Moyen-Orient ; il s'agit plutôt d'un martyre au sein même de nos familles. Mais nous rendons la tâche plus ardue par notre obstination, notre paresse ou notre égoïsme — non pas parce que la tâche en soi est difficile !
Aimer à la perfection. Ce n'est pas seulement faire la vaisselle et balayer le sol, mais cela consiste à ramasser même la dernière petite miette lorsque vous êtes trop fatigué pour vous baisser. Cela consiste à changer une couche pour la cinquième fois de la nuit. Ce n'est pas seulement supporter les membres de votre famille ou vos « amis » sur les réseaux sociaux lorsqu'ils sont insupportables, mais les écouter sans les interrompre — et même alors, le faire paisiblement et avec douceur. Voilà ce qui a fait d'eux des saints — pas les extases ni les lévitations — et ces petites choses ne sont pas hors de notre portée non plus. Elles nous sont possibles à chaque instant de la journée — nous ne parvenons simplement pas à les reconnaître pour ce qu'elles sont. Ou bien, notre vanité se met en travers de notre chemin, et nous voyons ces actes comme manquant de glamour, ne nous attirant pas l'attention des autres, ne nous procurant pas d'éloges. Au lieu de cela, ils nous font suer sang et eau, et ressemblent bien souvent à des clous et des épines, plus qu'à des louanges et des acclamations.
Regardez vers Jésus
Regardez vers la Croix. Voyez jusqu'où l'Amour a voulu verser son sang. Voyez comment Jésus — autrefois suivi par des milliers de disciples — aima à la perfection alors même que les foules devenaient plus petites, que les Hosannas se taisaient, que ceux qu'Il aimait l'avaient presque tous abandonné. Aimer à la perfection fait mal. Cela implique souvent la solitude. Cela nous éprouve. Cela nous purifie. Cela nous donne parfois envie de crier : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? [1] Mais verser son sang pour l'autre est ce qui nous distingue, ce qui nous consacre dans la vérité, ce qui fait produire à la petite semence de nos sacrifices des fruits surnaturels qui demeureront pour l'éternité.
C'est précisément ce qui nous prépare une glorieuse résurrection de grâce d'une manière que Dieu seul connaît vraiment.
Bientôt, très bientôt, le Corps du Christ va subir la plus douloureuse des divisions. Et donc, cette exhortation à aimer à la perfection ne se limite pas à notre vie et nos défis quotidiens (même si c'est essentiel), mais vise aussi à nous préparer pour l'apartheid sanitaire qui arrive et a déjà commencé, et aux grandes divisions qui semblent sur le point d'exploser au sein de l'Église elle-même. Mais j'aimerais laisser cela de côté pour l'instant, et revenir au moment présent. Car Jésus a dit :
Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est malhonnête dans la moindre chose est malhonnête aussi dans une grande.
Lc 16: 10
Nous sommes la petite cohorte de Notre Dame, elle qui nous prépare aujourd'hui à être témoins de l'apogée de 2000 ans d'histoire, depuis que son Fils a marché sur cette terre. Mais elle le fait de la même manière qu'elle s'est elle-même préparée à participer à la Passion de son Fils : en balayant le sol à Nazareth, en préparant les repas, en changeant les couches, en lavant les vêtements… oui, en saignant dans les petites choses… en aimant à la perfection.
* * *
Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.
Qui s'élèvera sera abaissé, qui s'abaissera sera élevé.
(Mt 23: 11-12)
Moi qui suis en prison à cause du Seigneur,
je vous exhorte donc à vous conduire d'une manière digne de votre vocation :
ayez beaucoup d'humilité, de douceur et de patience,
supportez-vous les uns les autres avec amour ;
ayez soin de garder l'unité dans l'Esprit par le lien de la paix.
(Ep 4: 1-3)
Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait.
(Mt 5: 48)
Mark Mallett
Loving to Perfection
[1] Mc 15: 34
